Médina de Marrakech
Depuis sa création en 1070 JC par la dynastie almoravide, Marrakech a toujours été la métropole du grand sud. Sa renommée fut telle q’elle désignait tout le Maroc jusqu’à la fin du XIXème siècle.
La création de Marrakech peut être décomposée en trois temps : Abou Baker choisit le site, Youssef Ben Tachefine fonde la ville en transformant le campement des nomades en une place fortifié appélé Qsar al Hajar et Ali Ben Youssef en fut le premier urbaniste. En effet en 112 6 JC ce dernier érige un rempart de 9 km, édifie un nouveau palais et dote la ville d’édifices d’utilité publique (mosquée,oratoires, fontaines…). Les monuments élevés pendant son règne furent d’une grande richesse architecturale et décorative marquée par l’influence andalouse.
En 1147 JC Marrakech passent aux mains des almohades qui, sous l’impulsion du Calif Abdelmoumen Ben Ali, vont en faire la capitale d’un vaste empire. C’est une période faste pour la ville qui s’agrandit et s’urbanise par la construction de la Kasbah, quartier royal autonome gigantesque qui a demandé la participation de 4000 artisans, l’achèvement de la grande mosquée la Koutoubiya . Par ces travaux Marrakech devient une véritable ville impériale à fonction multiple : politique et militaire, intellectuelle et spirituelle, commerciale et artisanale, grand carrefour du sud en relation constante avec le Sahara, l’Andalousie et le Maghreb.
Après la prise de Marrakech par les Mérinides en 1269 JC, la ville va connaître sa première période de déclin et sera délaissée au profit de Fès. Elle resta ainsi durant trois siècles. Avec l’arrivée au pouvoir des Saadiens vers la deuxième moitié du XVI siècle Marrakech va retrouver son rang de capitale grâce à Abdallah al Ghalib (1557-1574) le plus grand bâtisseur de la dynastie Il commença par la remise en état des réseaux d’alimentation en eaux et construit de nouveaux édifices et quartiers et réaménage profondément la Kasbah qui ressurgit de ses ruines. Ses grands travaux seront complétés par ceux entrepris par d’Ahmed El Mansour qui a construit le fabuleux palais El Badia et la nécropole dynastique, entre 1562 et 1573 ; le quartier de la grande mosquée Ben Youssef rénové par la construction des complexes el Mouassine.
Une nouvelle fois Marrakech est prise en 1669 par le premier souverain alaouite Moulay Rachid qui en fait une de ses résidences avec Fès. Son rôle devint ainsi très restreint. Il faut attendre Sidi Mohammed (1757-1790) pour que Marrakech retrouve sa vitalité et son importance. La ville sera parée de nouveaux édifices et de nouveaux quartiers. Les siècles qui suivront apporteront peu de modifications à la ville qui gardera la physionomie héritée du règne de Moulay Abdellah.
Les murailles de Marrakech
Cette enceinte est d’une longueur de 10 km avec une hauteur variable entre 6 et 9m, tandis que son épaisseur varie entre 1.60m et 2m. Elle est confortée par des tours barlongues et percée par des portes monumentales dont les plus imposantes sont Bab Doukala, Bab Aghmat, Bab Aylane et Bab Agnaou.
Les Portes (Bab Doukkala, Bab Aghmat)
Marrakech est entourée de remparts en pisé. Cette muraille mesure cinq mètres de haut et deux mètres d’épaisseur. Elle s’étend sur une longueur d’environ 12 km. Elle fût construite par l’Almoravide Ali Ben Youssef en 1126-1127 .
Une partie de l’enceinte est encore bien conservée, elle fût cependant élargie au moment des agrandissements successifs de la médina, notamment à l’époque almohade. Cette immense enceinte est percée par dix portes parmi lesquelles il faut signaler
Bab Doukkala
Imposant ouvrage composé de deux bastions en saillie de part et d’autre, d’une porte livrant passage à un corridor. Cette porte d’origine almoravide, doit son nom au territoire homonyme, habité par des populations almohades.
Bab Aghmat
Porte de la ville s’ouvrant dans l’un des bastions qui la défendaient. Ce plan assez curieux, doit résulter d’un remaniement de la porte primitive d’époque almoravide.
Palais badia
Ce grand palais a été construit pendant le dernier quart du XVIéme siècle par le sultan saadien Ahmed al Mansour (1578-1603) pour commémorer sa victoire sur l’armée portugaise en 1578. Pour construire le palis el Badiâ (l’incomparable) ,le souverain saadien choisit le coin nord –est de la kasbah .Le Basiâ était déstiné aux fêtes et aux audiences solennelles pendants les quelles le souverain pouvait montrer son faste. L’ensemble palatial est constituée de d’une grande cour en forme de rectangle de 135 m sur 110 m ,au milieu du quel fut aménagé un bassin de 90 m sur 20 m . autour de la cette immense cour s’organisent les vestiges archéologiques d’anciens pavillons suivant un plan qui s’inspire de l’architecture domestique marocaine. De la richesse décorative si célèbre de ce palais subsiste des éléments d’ornement tel des chapiteaux et des pans de parterre en en zellige. Le Badiâ fut détruit au XVIIème siercle sur ordre du sultan alaouite Moulay Ismaïl (1627-1727). La démolition dura une dizaine d’année.Une grande partie de ses matériaux a été acheminés vers Meknès pour être réemployée dans la construction de la ville .
Koubba Almoravide
Unique témoin architectural de l’époque almoravide à Marrakech, la koubba a été déterrée vers 1948 grâce à des fouilles archéologiques. Elle est sise au quartier ben Youssef à proximité de la mosquée qui porte le même nom. La Koubba Almoravide est un petit complexe architectural destinait aux ablutions qui dépendait d’une mosquée almoravide. Ce monument se présente sous forme d’une somptueuse coupole que ceinturent les vestiges de petites cellules qui faisaient office de latrines. La coupole est édifiée au –dessus d’un bassin rectangulaire. L’intérieure de la dôme est orné d’un décor faste dont les thèmes sont l’épigraphie, et l’arabesque floral
Tombeaux Saadiens
La nécropole royale de la famille saadienne fut créée après l’inhumation du prince Mohamed Cheikh en1557. Son fils, qui lui, avait élevé une koubba, y fut enterré à son tour en 1574. Cet édifice et connu sous l’appellation de koubba lalla mesaouda. Ahmed El Mansour y a inhumé sa mère en 1591 ainsi que ses trois successeurs. Cet ensemble se compose de plusieurs salles funéraires parmi elles on trouve la Koubba de Lalla Mesaouda, le second édifice est la salle centrale dite salle des douze colonnes qui abrite la tombe du sultan Ahmed El Mansour, la salle du mihrab et la salle des trois niches, une autre salle abrite des tombes d’enfants. L’ensemble du monument est agréablement décoré avec une grande finesse dans l’exécution.
Fontaine Mouassine
Cette fontaine publique est la plus grande des toutes les fontaines de Marrakech. Elle fait partie du complexe »Mouassine »qui comprend une mosquée, une bibliothèque, un hammam, une medersa et la fontaine Mouassine. Cette dernière à été construite à l’époque saadienne sous l’ordre du sultan Abdellah al Ghâlib entre 1562 et 1563. Elle est d’une belle composition architecturale et regroupe trois grands abreuvoirs couverts de voûtes et ouverts sur la rue par trois arcades.
La mosquée la koutoubia
C’est le monument religieux le plus célèbre de Marrakech. Cette mosquée d’une grande allure architecturale et d’une richesse décorative a une histoire complexe. Elle s’agit en réalité d’un double sanctuaire muni d’un minaret.
La première koutoubia fut inaugurée en 1157 et la deuxième ainsi que le minaret furent construit un an plus tard en 1158 JC sur ordre d’Abdelmoumen. Les deux sanctuaires se distinguent par leur plan innovateur qui donne une importance capitale au mur de la qibla. En effet cette valorisation se laisse voir par le plan en T dessiné par le recoupement entre des deux nefs principales de la salle de prière qui sont la nef axiale et la nef longitudinale.
Ce qui met en exergue ce monument est son minaret gigantesque qui constitue une des merveilles de l’art et de l’architecture en Islam. Érigé en pierre de taille, il comporte à l’intérieur un rampe qui permet d’accéder à des salles couvertes de coupoles ainsi qu’à son sommet. Sa hauteur est de 77 m. Il comporte des registres décoratifs sur des façades supérieures fait de carreaux de céramique verte et blanche.
Medersa Ben Youssef
La medersa ben Youssef est l’un des monuments historiques les plus importants à Marrakech. C’est aussi l’une des plus grandes medersa du Maghreb. Elle fut élevée par le Saadien Abd Allah al Ghalib en 1564-1565, ceci et attesté par des inscriptions sur les chapiteaux de la salle de prière et sur le linteau de la porte d’entrée.
La medersa a un plan quadrilatère d’une superficie de 1680m2 ,elle comprend une salle de prière et des chambres pour les étudiants au nombre de 130. Dans l’ensemble la medersa constitue un véritable reflet de la magnificence de l’art saadien.
Place Jamaa El Fna
Elle constitue un exemple significatif de la richesse des arts de spectacle au Maroc. De renommée mondiale, cette place a de tout temps représenté le point d’attraction des visiteurs de la ville de Marrakech. C’est un espace de spectacles et de loisirs qui s’enchaînaient jusqu’à une heure tardive le soir. La place attire sans cesse des foules de visiteurs venus de tous les coins du monde pour assister aux spectacles animés par les charmeurs de serpents, les dresseurs de singes, les conteurs, les musiciens et d’autres artistes populaires. L’intensité de ces activités spectaculaires originales a plaidé en faveur de l’inscription de cette place par l’UNESCO en 2001 en tant que Patrimoine oral mondial, le premier du genre à l’échelle mondial.
Palais Bahia
Le palais de la Bahia une grande demeure ancienne et un ensemble de maisons furent rassemblées et aménagées en palais à la fin du XIXème siècle par l’architecte marocain El Mekki pour le compte du grand vizir Ahmed ben Moussa dit Ba Hmad (1841-1900). Les meilleurs ouvriers et artisans du pays y ont travaillé sans interruption durant six ans (1894-1900).
C’est une suite de cours, de jardins, de salons, de dépendances et d’annexes remarquables aussi bien par leur structure que par leur ornementation. Ces ensembles se présentent comme suit :
- Le petit riyad
C’est un jardin intérieur sur lequel s’ouvrent des salles et des niches. C’est là que Ba Hmad recevait les gens du gouvernement dans la grande salle du conseil au plafond peint et ajouré. C’est là également que furent aménagés, plus tard, les bureaux du maréchal Lyautey.
- La petite cour
Quatre chambres s’ouvrant sur une cour à ciel ouvert entièrement carrelée de marbre et de zellij (carreaux de céramique) constituaient les appartements privés de Ba Hmad; elles ont été transformées au temps de Lyautey en chambre des officiers.
- La grande cour de marbre dite ‘Cour d’honneur’
C’est une immense cour (50 m x 30 m) à ciel ouvert, dallée de marbre et de zellij entourée d’une galerie aux colonnes en bois découpé, sur laquelle s’ouvre une imposante salle de réception dite Salle de conseil, la plus grande du palais (20 m x 8 m) et dont le plafond peint est d’une grande beauté.
- Le grand riyad
C’est la partie la plus ancienne du palais que fit édifier le père de Ba Hmad, Si Moussa, achevée en 1866-1867 et réaménagée par la suite. Ce riyad se distingue, en plus du jardin, par ses deux salles et ses deux niches à la décoration raffinée.
- L’appartement privé
Deux salles et deux niches donnent sur un espace couvert d’un plafond peint, éclairé par des panneaux de plâtre sculpté et finement ajouré.